Choisissons ce que nous mettons dans notre son sac
Permettez-moi de commencer par une histoire. Petite, ma fille n’appréciait pas particulièrement l’école. Si la maternelle avait été un passage à peu près bien vécu par elle grâce à une maîtresse qui avait compris son métier, la suite en fut tout autre. Nous avions alors construit un rituel pour l’aider à passer une journée la meilleure possible. Nous remplissions son sac. Elle demandait des câlins, des bisous, des caresses. Elle attrapait le chat qui se mettait à ronronner et ces ronrons finissaient dans son pochon. Quel était ce sac, Où était-il, là n’est pas la question. L’important est qu’à chaque fois qu’elle avait un coup de fatigue, elle en sortait un bisou, un câlin, un ronron. Au fur et à mesure du temps, alors qu’elle sortait de la classe, elle nous disait que dans le sac il restait encore un peu de ces échantillons. Lorsqu’un autre élève avait un comportement négatif, qu’il était méchant, elle en avait rapidement conclu que le sac de ce dernier était vide. Ses parents ne l’avaient pas assez rempli. Nous avons tous notre propre sac. A l’âge adulte, si nous regardons il n’y a pas que de câlins, des bisous et des ronrons. Avec le temps, pour certains, c’est un fourre-tout, de plus en plus lourd.
Prenons soin, de bien le remplir.
Comme l’aurait dit Epicure, Vivons pleinement l’instant présent. Sauf sous la torture, il faut alors penser aux moments heureux. Alors que nous vivions un moment agréable, un câlin, un bisou, une caresse, un éclat de rire, prenons le temps de savourer l’instant. Plaçons notre esprit dans le corps et ressentons ce que cela produit comme sensations agréables. Comme le goût d’un carré de chocolat de Patrick Roger. Une fois le carré avalé, il reste le parfum, le goût envoutant et doux, sucré qui s’éteint lentement. Rien que de l’écrire, je salive au souvenir du 72% de cacao du Pérou. Je perçois encore la finesse des parfums de vanille et d’amande. Les yeux fermés, j’ai l’impression de m'envoler au-dessus des Andes. Ce souvenir n’est pas de la nostalgie, c’est de la gourmandise sans les kilos. Chacun de ces instants, aussi petits puissent-ils paraître, peuvent participer à emplir notre sac d'instants délicats, de moments heureux, de jours délicieux. Faisons en sorte qu’avec les années, notre réserce en vienne à déborder sur notre visage. Comme le dit si bien Robert Lamoureux, « Marque chaque victoire, en creux, sur la figure, Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus, Parmi tant d’autre creux il passe inaperçu. » Soyons, à l’automne de notre vie, des visages ridés par tant de rires et de joies.
La sophrologie n’est pas de la relaxation, c’est le renforcement de notre être positif.
La joie de vivre se vit au présent avec la mémoire de nos instants vécus positivement. Cela implique que ce qui nous intéresse, c’est la façon de vivre le phénomène, et non le phénomène lui-même. Une séance chez le dentiste peut avoir été vécue positivement, parce que nous avons réussi à faire face à une chose que nous percevions comme étant difficile. Vivre l’instant présent, c’est être au monde, hors du temps. Le simple fait de focaliser notre esprit, notre concentration ou notre attention à ce que nous vivons là, maintenant, permet de faciliter l’intégration du moment et des sensations qu’il procure. De ce fait, lorsque cela est nécessaire, en conscience ou non, nous profitons du renforcement de notre être que ces instants procurent. La confiance, le joie, la sérénité n’émerge pas de ce que nous vivons là mais de comment nous le vivons là avec l’ensemble des moments vécus en confiance, avec joie et sereinement.
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